Communiqué de Presse
Déclaration du Premier
ministre Alexis Tsipras, suite aux résultats du référendum anglais
Athènes - 24 juin 2016
Aujourd’hui est une
journée, sans nul doute, difficile pour l’Europe. Le projet d’unification
européenne a subi un revers majeur.
La décision du peuple
anglais est respectable mais elle confirme une profonde crise politique,
crise identitaire et stratégique pour l’Europe.
Et elle n’est pas venue à
l’improviste comme un coup de tonnerre. Des messages avaient été
envoyés depuis longtemps en provenance de différentes directions. La
montée explosive de l’extrême-droite et des forces nationalistes dans
le Nord et le Centre de l’Europe laissaient présager cette évolution
négative.
Les choix extrêmes d’austérité
qui ont creusé les inégalités tant entre les pays du Nord et du
Sud qu’à l’intérieur même des pays européens.
La gestion à la carte de la
crise des réfugiés, les frontières fermées, les clôtures et les
agissements unilatéraux.
Le refus du partage des
responsabilités et des charges à la fois face à la crise de la dette
et la crise des réfugiés, avait déjà envoyé un signal d’une
crise étendue du projet européen.
Et maintenant nous devons
tous nous interroger. En premier lieu nous demander :
Quelle est la cause profonde
de la crise européenne ?
Qui est responsable de la
propagation du nationalisme et de l’extrêmisme de droite qui sont le
fer de lance de l’isolement ?
Le déficit de démocratie, l’imposition
coercitive de choix impopulaires et injustes, les stéréotypes de
discorde qui divisent l’Europe entre Nord travailleur et raisonnable et
Sud paresseux et ingrat.
Ont abouti à une profonde
division politique et sociale.
Les peuples dans les pays du
Nord considèrent qu’ils paient les pots cassés du Sud tandis que les
peuples dans les pays du Sud estiment à juste titre que le Nord n’est
pas solidaire mais punit. Et ainsi l’écart se creuse constamment.
Ainsi, le sens de la vision
commune et d’un avenir commun des peuples européens laissent la place
au retour de la soit disant sécurité de l’enfermement national. De l’isolationnisme
national. Mais cette voie est une impasse.
Le référendum anglais sera
soit une alarme pour réveiller le somnambule qui avance dans le vide soit
le début d’un parcours très dangereux et glissant pour nos peuples.
Et c’est exactement pour
cette raison que nous avons besoin d’un changement immédiat, de
profondes percées démocratiques et progressistes en Europe. Changements
de la perception, des attitudes et finalement des changements de
politiques.
Pour ériger un barrage
contre l’euroscepticisme et l’extrême droite. Afin de refonder l’Europe
sur les valeurs de la démocratie, de la liberté, de l’égalité et de
la solidarité.
Nous avons besoin plus que
jamais d’une contre-offensive des forces progressistes européennes afin
de stopper l’assaut de l’extrême droite et du nationalisme qui trouve
un terrain fertile dans les conditions créées par l’austérité et la
permissivité des marchés.
Nous avons besoin d’une
grande alliance progressiste pour que l’Europe retrouve son élan perdu
et ses valeurs fondatrices qui l’ont rendus si particulière dans le
monde : La protection de l’emploi, le soutien de l’état social,
la solidarité européenne, la protection des droits individuels et
sociaux.
Parce que ces jours-ci, il a
été démontré que le discours arrogant et hautain des technocrates non
seulement n’émeut pas mais bien au contraire indigne les peuples
européens.
Et c’est exactement pour
cela que nous avons besoin de toute urgence d’une nouvelle vision et d’un
nouveau départ pour une Europe unie. Une nouvelle vision pas pour moins d’Europe.
Ni cependant pour une Europe plus autoritaire et plus centralisée.
Mais une nouvelle vision pour
une meilleure Europe. Pour une Europe sociale et démocratique. Pour une
Europe où la politique reprendra le dessus sur l’économie et les
technocrates.
Pour une Europe où ses
peuples auront le principal et dernier mot. Et pour cette Europe cela vaut
la peine que nous nous battions. Parce qu’elle mérite que nous nous
battions et que nous luttions pour notre avenir commun. |